VUPP est à l’origine un atelier de recherche ouvert en 2014 à l’école des Beaux-Arts de Bordeaux à propos des ombres portées de l’art critique et sous l’égide de Krazy Kat.
Est-il possible de tenir ensemble la vigilance politique et l’oisiveté troublante de la chose artistique? Pas aisé de voir à travers les fissures des murailles. On peut même dire tenter de voir, car toutes sortes de difficultés surgissent alors. Nous sommes contraints à des visions partielles et fragmentées. Les faits et l’ennui nous apprennent que les murailles sont constituées de dispositifs et de normes qui balisent nos vies et notre rapport au langage. Sans oublier notre rôle en tant qu’acteur dans la reconduction de processus aliénants. Emportés avec la planète par le capitalisme suicidaire, qu’en est-il de nos formes d’autonomie réelles ou supposées ? Qu’en est-il de la critique, de ses enjeux et de son potentiel ?
Adorno nous dit que le bonheur est chose dépassée : il est anti-économique car son idée, l’union sexuelle, est le contraire de la relaxation, elle est tension bienheureuse, comme tout travail assujetti est tension malheureuse. L’art peut-il, dans ses visées critiques, éliminer des clôtures induites par le fétichisme de la marchandise et le travail aliéné ?
Se défaire des formes de vie imposées par le marché ? Pour un nouvel imaginaire social, inventif et solidaire, l’art va t-il déborder l’art et devenir ce qu’il n’est pas pour exister là où il n’est pas ? L’art et la politique n’ont fait qu’interpréter le monde, il convient de l’inventer. La question centrale étant celle de l’enfermement dans la totalité capitaliste.
Trois numéros des Cahiers VUPP ont vu le jour entre 2015 et 2017 autour de propositions croisées et ouvertes : autonomie de l’artiste ? ; contre la méthode ; pourquoi travaillons-nous ? ; nécessité des écarts ; héritages des biens culturels ; quel art à venir ? avec des sessions à Bordeaux, Portbou, Barcelone et Berlin.
Devenu une association en 2018, VUPP se consacre à l’édition des Cahiers en invitant des contributeurs venus d’horizons différents et à qui la question de notre présent aliéné s’impose.
Les derniers Cahiers VUPP, numéro 4, sont traversés par les troublantes questions de la réification, de l’auto-réification et de quelques symptômes afférents, colorés par l’humour et la mélancolie. Les textes et images des auteurs sont délibérément nomades à travers les champs du savoir :la critique, comme autodécouverte de ce qui est caché par l’apparence, ouvrant d’incertains passages.
Pour VUPP, Jean Calens.